La poupée : inné ou acquis ?


C’est frappant de voir combien les vêtements et les jeux sont sexués, et ce dès la naissance.

Vers le 6 ou 7ème mois de ma première grossesse, j’ai commencé à me pencher sur la question de l’habillement. Je me suis aperçue qu’il était très difficile de trouver des vêtements qui soient sans conteste mixtes. Non seulement les couleurs sont ciblées, mais également les coupes. Trouver un petit haut sans froufrou pour une fille, ou un pantalon sans poches façon treillis pour un garçon, s’avère aussi compliqué que de décrocher la lune.



Quant aux jouets, j’ai été carrément scandalisée en feuilletant les catalogues pour Noël. Les premiers jouets sont assez neutres, mais dès que l’on passe le cap des 3-4 ans, on tombe dans un sexisme honteux. On découvre des poupées, des cuisinières, des caisses enregistreuses, ou pire, des panoplies balai-seau-serpillière pour les filles. On réserve les jeux plus ludiques voire plus violents pour les garçons : les épées, les kits de Dark Vador, les voitures, les garages...
Destine-t-on nos filles à devenir de parfaites petites ménagères, dont le métier serait aide ménagère ou caissière en supermarché ? Nos garçons sont-ils tous sensés devenir de sombres brutes agressives et irresponsables qui se ruinent en jeux automobiles ?

J’ai sciemment choisis d’offrir ou de faire offrir à ma fille des petites voitures, des garages et des balles. Pas de poupée. L’idée n’était pas de contrer l’innéité de son tempérament féminin, mais au moins de ne pas la conditionner dès son plus jeune âge dans ce sexisme. D’ailleurs Mamisa avait déjà fait le test avec ses propres enfants : on ne peut pas empêcher une fille de jouer à la poupée ou obliger un garçon à s’intéresser aux poupées. Je suis plutôt satisfaite de ce choix : cela a sans conteste aidé ma fille, plutôt calme, à faire un effort pour se déplacer chercher les voitures et les balles, et surtout à s'interroger sur le fonctionnement de cette belle mécanique.

 

 

Samedi dernier, elle a d’ailleurs montré un engouement étonnant pour un petit tricycle offert par Mamisa (les Noëls venant d’elle sont souvent en retard) (d’ailleurs, un modèle soit-disant garçon, car rouge, alors que le modèle fille était paraît-il d’un gnian-gnian absolument ridicule).

 

 

Là où je voulais en venir dans mon propos, c’est qu’il y a une bonne part d’inné dans le choix des jeux des enfants. Concernant le deuxième cadeau, il s’agissait d’un petit poupon de 30 cm, noir, et sexué. Sa réaction a été à notre sens disproportionnée par rapport à l’éducation que nous lui avons apportée. Avant même d’avoir entièrement déballé la poupée, elle a crié “bébé !” dès qu’elle a aperçu un petit bout du jouet dans l’emballage. Nous savions déjà qu’elle était coquette, malgré l’absence totale d’effort de notre part pour lui trouver des tenues assorties ou féminines (j’ai toujours tablé sur le secret espoir que j’enfanterai un enfant de chaque sexe, il me fallait donc des vêtements mixtes), mais nous ne nous attendions pas à ce qu’elle réagisse aussi fortement positivement à ce type de cadeau.


 

J’avais en effet envisagé de lui offrir une poupée un peu avant mon accouchement prévu en mai, pour la préparer à ce bébé qui arrive et également pour qu’elle ait un “bébé” à elle à chouchouter. Malgré tout, je la pensais trop jeune et pas assez “conditionnée” pour apprécier ce genre de cadeau. Elle avait certes déjà découvert les poupées chez la nounou mais tout de même.

En conclusion, je ne reviendrai pas sur la piètre opinion que j’ai des fabricants de jouets sexistes (lorsque ma fille voudra jouer à la petite cuisinière, elle le fera dans la cuisine, pour de vrai. Et mon fils aussi apprendra à faire des gâteaux et à nettoyer ses crasses, non mais). J’admire simplement cette innéité qui pousse globalement les enfants vers des activités ciblées en fonction de leur sexe.



27/03/2012
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